Little children
2007 - Réal : Todd Field - Drame - 
Dans le petit square d'une banlieue pavillonnaire américaine, où des « desperate housewives » font jouer leurs progénitures, une idylle se noue entre Sarah, mal mariée à un homme plus âgé, et Brad, qui garde son fils en attendant de passer l'examen du barreau.
On est spectateur un peu indifférent de la chose, jusqu'à ce que le récit s'enrichisse d'une deuxième histoire : celle de Ronnie, jadis condamné pour attentat à la pudeur sur mineur, suspect de pédophilie, que la bourgade s'obstine à persécuter. Ce personnage hors du commun dynamite le récit : il devient le symbole des frustrations d'une communauté hypocritement puritaine, le visage d'une libido qui effraie. Sous son apparence policée, ce film cruel et pessimiste devient franchement dérangeant. Les comédiens l'habitent avec fougue et impudeur, à commencer par Kate Winslet, qui brille en Bovary de la Nouvelle-Angleterre.
Ca ressemble à un quartier des SIMS... Les destins s'y entrecroisent, les bons, les méchants qui finalement ne nous apparaissent plus aussi méchants. La voix off vient rajouter un petit gout d'American Beauty... D'ailleurs on est ici très proche du synopsis de ce dernier. La musique signée Thomas Newman vient renforce cette impression. Trois quatre destins, donc, s'entrecroisent. Un flic raté qui cherche à retrouver du galon, un avocat également raté qui cherche à se prouver qu'il peut exister autrement que par la reconnaissance sociale, une ménagère mal mariée en quête de bonheur, et enfin un pervers libéré depuis peu qui est devenue la bête noire de tout ce beau quartier animé de gens bien pensants. Ce qui lie tout ces gens, outre d'habiter au même endroit, ce sont les enfants, témoins silencieux et parfois victimes de décision pulsionnelles prises au gré de l'intrigue. Basé sur le roman de Todd Perrotta, co signataire du scénario, l'auteur cherche à nous montrer que dès lors que ce qui nous lie à l'enfance est rompu, la pureté ne devient que façade. Bref il faut voir en ce film une étude profonde des moeurs américaines sinon une critique du puritanisme, la vie et la mort d'une relation extra conjugale, et la façon dont chacun de nous recherche le bonheur. Ce long métrage est vraiment un petit bijou à posséder.